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Une journée typique du championnat de tennis de table

14h00 comme chaque samedi de match, tu enfiles ton slip fétiche. Celui avec Spiderman. Que tu portais déjà en 1984 aux Interligues cadets, lors du match d’ouverture contre l’Ile de France. Et que tu portais toujours lors du match de classement, pour la dernière place. Contre tes potes du Limousin.

15h00  Tu auras dit à Maman que ça irait très vite. Que tu jouais contre des baltringues. Que tu allais tous les défoncer. Et qu’à 19h grand max, ce serait fini. Que tu serais largement rentré pour le début du journal de FR3 Picardie.

15h45  En chemin tu te seras arrêté à l’Intermarché. Pour acheter tes pâtes de fruit. Avec un pack de bière et deux bouteilles de whisky. Oui l’alimentation et la réhydratation, les éléments clés de ta réussite au haut niveau.

16h00 : En avance. Le temps de prendre un petit ricard au café du coin : le premier jaune de l’après-midi. C’est la vanne que tu fais tous les 15 jours au barman. Il rigole. Obligé. Tu es un bon client.

Et puis ça laisse le temps à tes co-équipiers de monter la salle. Ils y arrivaient déjà à 5 avant la Réforme. Ils y arriveront bien à 3. Oui, tu fais confiance à leurs capacités d’organisation.

16h35 : Tu salues chaleureusement tes trois partenaires. En t’excusant pour ton retard, car « Vraiment, en ce moment, le boulot c’est dingue. Et puis le samedi ça circule mal »… Alors dans le vestiaire, le moment de connivence et de fraternité avec tes co-équipiers. Au milieu des bouteilles de Volvic. Avec les regards qui se croisent. C’est toujours les mêmes gestes. D’abord la jambe gauche, toujours... Les chaussettes. Les chaussures… Puis la jambe droite, toujours…

- 16h37 : Tu auras constaté que ton short te boudine toujours un peu. Et pourtant tu t’es déjà plaint trois fois auprès du Président. Vraiment pas normal que les fabricants ne fassent pas au-delà du XXL.

16h40 : Tu auras salué tes adversaires qui tapent déjà depuis une heure. Quatre hobbits de 12 à 14 ans. Du gâteau... Mais dommage, ils sont venus avec leur entraineur : HAGRID, 2 mètres de haut, 1 mètre de large. Ça va être plus compliqué pour les faire chialer devant la table. Mais tu es un pro.

16h45 : C’est parti pour 10 minutes d’échauffement. Oui il faut garder l’influx et l’énergie pour les matchs. Les vrais… En plus tu es obligé de croiser avec ton copain Gégé. Celui qui n’en met pas deux sur la table.

16h46 : Pause-feuille de match. Tu auras exigé d’être en position forte. Pas parce que tu es le meilleur. Enfin si… Mais surtout parce qu’il faut que tu partes vite fait après le match. A cause du dîner chez belle-maman. Et l’OM qui joue à 21 heures.

16h55 : Pause-clope.

17h00 : Début du match. Tu auras tapé dans la mimine de tes co-équipiers en leur souhaitant bonne chance. Au moins ça t’aura permis de leur serrer la main.

17h12 : Défaite 3/0 contre un des nabots. Tu ne te souviens plus de son nom. Frodon ?... Pas chaud. Enfin si, suffisamment pour prendre un jaune pour shootage de séparations.

17h13 : Pause-clope. Il faut t’oxygéner. Et te décontracter à l’extérieur. Normal après un gros match. En plus c’est à toi d’arbitrer : ils vont bien trouver un clampin dans la salle. Et puis ça permet de taper la discut avec tes vieux potes dehors. Ceux qui jouent dans les divisions du dessous. Et qui sont déjà en train de chiquer. Et qui ont aussi pris 3/0.

17h43 : Retour dans la salle. La vache, on est déjà mené 5/0. Tu joues vraiment avec des buses.

18h15 : Humiliation 3/0 contre le deuxième nabot. Passe-Partout ?... En tout cas il servait comme un goret. En cachant, et sans jeter la balle. Et surtout quand tu n’étais pas prêt. En plus il a gratté comme un galeux, pendant tout le match. Tu l’as bien traité de « Petit con ! ». Mais l’arbitre l’a entendu : 2ème jaune. HAGRID aussi… Pas grave, tu gères. Tu le calmeras avec ta première bouteille de whisky... Mais tu finis en prenant 11/2 sur une nouvelle gratte. C’en est trop. Coup de sang. Jet de raquette pour clore le match... Elle se fracasse dans le mur à 10 cm de la tête de MUSCLOR. Tu as du bol l’arbitre n’a rien vu. Et à 10 cm prêt tu n’étais plus de ce monde. Punaise, ça va te coûter ta deuxième bouteille de sky. Pas grave il reste les bières.

18h16 : Pause-clope. Obligé, après un match pareil. Pour faire redescendre ta pression artérielle. Ou tu vas tout casser. Rediscutassion avec tes amis alcoolo-tabagiques : c’était mieux avant, quand on pouvait coller, avec les balles de 38, les sets de 21, et quand les jeunes au moins respectaient les anciens.

18h29 : Retour dans la salle. Pour voir ton copain Gégé s’effondrer 12/10 au 5ème set après avoir mené 10/8. Bon c’est sûr, il aura joué dans une bibliothèque : tes collègues jouaient ou arbitraient et tu n’étais pas là pour l’encourager. Alors que les autres d’en face si. Mais, vraiment Gégé il aura toujours été nul en fin de set. Déjà contre le Limousin en 1984…

18h30 : Ton équipe a pris 8/Z. Dommage tu commençais à être dans le match. Vraiment nul d’arrêter au score acquis. On est là pour jouer... Non ?

18h31 : Pause-clope. Tout seul. Ben oui tes potes du Balto, eux, jouent encore.

18h32 : Début de l’apéro. Tu es large, tu as jusque 18h55. Tu fais pêter les chips et les bières en gueulant contre toutes les réformes dans le ping (passage aux sets en 11 points, arrêt de la colle rapide, passage aux balles de 40, puis aux balles plastiques…). C’est nul. Pas d’ambiance. Ça va tuer l’esprit d’équipe. Et le plaisir de jouer. Et puis arrêter au score acquis, quelle connerie…

HAGRID, poliment, te rétorque que sportivement c’est quand même beaucoup plus intéressant. Plus d’intensité, avec les matchs qui s’enchainent. Et puis tout le monde fait au moins deux matchs, même quand tu prends 8/0 (oui, en plus d’être costaud, il est taquin). Arrivé à 8 de toute façon les matchs n’ont plus la même saveur, ni le même intérêt. Si tu veux vraiment jouer plus, il y a la possibilité de s’entrainer durant la semaine. Et puis les compéts ne manquent pas : Indiv, Bernard Jeu, Coupe, Tournois… L’autre avantage à 4 c’est que tu ne voyages plus que dans un seul véhicule, tous ensemble. Pour la cohésion à l’aller, et le débrief au retour, c’est vraiment plus sympa.

Tu auras surtout noté qu’HAGRID prend son coca sans whisky. Une gonzesse en fait.

23h00 : Fin de l’apéro. Et Maman qui va hurler. Allez, tous en boîte. De toute façon, engueulade pour engueulade, autant que ça vaille le coup. Et puis tu as déjà perdu 50% de champ visuel. Et tu ne tiens déjà plus debout pour remonter la salle.

3h45 : Retour à la base. Plus la force de monter l’escalier pour atteindre la chambre à l’étage. Tant pis. Tu dormiras dans le canap à côté du chien. Avec un peu de chance ton sphincter oesophagien devrait tenir le coup cette nuit. Ça t’évitera de te réveiller une nouvelle fois au petit matin dans ton vomi. Au pire, si ça arrive, et que Maman hurle, tu diras que c’est le chien. Mais tu seras obligé de lui mettre une raclée. Pauvre bête. Mais il a l’habitude.

Et puis lundi c’est déjà le boulot…

Heureusement tu as le ping. Ta bouée de sauvetage. Ton coin de paradis.

Et puis toutes ces réformes, finalement, tu t’en fous.

Dans 15 jours il y a match.

Ne jamais oublier non plus que le fair-play est une invention de fragiles

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